Par Gilles Ravache
La dernière réunion du Conseil national a acté la tenue du 40e congrès du Parti en juillet 2026. Cette décision aurait dû être mûrement réfléchie quant à ses conséquences, ses implications.
La préparation d’un congrès demande beaucoup aux adhérent·es et aux animateur·rices du Parti d’autant que l’objectif est toujours d’arriver au plus large accord en prenant le temps des discussions les plus approfondies. En effet la souveraineté au sein du Parti réside dans ses adhérent·es. Tenir un congrès suppose donc que tou·tes les adhérent·es puissent, du début jusqu’à sa conclusion, s’emparer des questions à traiter, avoir accès à toutes les données y affairant, en débattre collectivement, maîtriser les décisions à prendre.
Les statuts adoptés il y a deux ans actent qu’un congrès doit se tenir « tous les les trois ans au moins » qui suivent le précédent (Chapitre III , article 8). Le 39e congrès s’est tenu en mars 2023, donc statutairement le 40e devrait se tenir en mars 2026. Ça n’est évidemment pas concevable alors que les élections municipales se tiennent elles-mêmes en mars 2026.
Si ça n’est pas faisable c’est que, d’aujourd’hui à mars 2026, les adhérent·es vont être entièrement absorbé·es par les actions contre la politique de la bourgeoisie, du patronat et du gouvernement et par la préparation des municipales.
Il est donc nécessaire de situer le 40e congrès à une autre date, après mars 2026.
Toutefois tenir un congrès du Parti suppose qu’il permette de traiter des enjeux du moment et qu’il place le Parti à leur hauteur pour être pleinement utile et efficace dans le sens de la transformation sociale et du dépassement du capitalisme. Or depuis mars 2023 tout s’accélère, les défis environnementaux, les bouleversements mondiaux, la multiplication des guerres ouvertes, l’intense offensive de la bourgeoisie pour préserver ses intérêts et sa domination sur la société, la menace inédite de voir l’extrême droite accéder au pouvoir d’État en France. Il conviendrait que le prochain congrès se consacre à prendre la mesure de ces énormes enjeux pour en tirer les conséquences pour la stratégie du Parti.
Pour cela il faut disposer de cinq à six mois. Par exemple, pour tenir un congrès en juillet 2026, il faudrait commencer sa préparation en février 2026 par l’appel à contributions lancé aux adhérent·es. Début mars le Conseil national proposerait un projet de base commune résultant des contributions reçues. Les adhérent·es devraient en débattre et celles et ceux qui le souhaitent auraient jusque mi-avril pour proposer une autre base. Fin mai les communistes seraient appelés à choisir parmi les bases proposées celle qui sera leur base commune. Le mois de juin serait alors dédié aux réunions de cellules, assemblées générales de section et congrès départementaux au cours desquels les adhérent·es amélioreraient la base commune avec toujours l’objectif d’en faire le bien commun du plus grand nombre d’entre eux.
Ce « travail » demanderait l’engagement des adhérent·es et des animateur·ices du Parti dès février au moment où ils, elles seront totalement impliqués dans les élections municipales jusque fin mars 2026.
Dans ces conditions les communistes risquent fortement, malgré aux, d’être conduit·es à traiter prioritairement de l’immédiat, c’est à dire de leur tactique électorale pour les élections de 2027 et principalement la présidentielle avec la décision de présenter ou non un candidat communiste et de le désigner. Le risque est grand que, dans ces circonstances, un congrès ne puisse se saisir des grands enjeux soulignés précédemment.
Ne vaudrait-il pas mieux tenir une simple Conférence nationale pour traiter de ces questions ? Resserrée sur un sujet précis, une Conférence nationale est, pour les adhérent·es, plus légère qu’un congrès. Il suffit d’un texte fournit par le Conseil national, qui présente la question à traiter et des assemblées pour soupeser les décisions à prendre. De plus il n’y a pas à traiter du renouvellement des instances d’animation de la vie du Parti. Une Conférence nationale rendrait donc la tâche des communistes plus facile. Leur souveraineté n’en serait nullement réduite puisqu’en toute hypothèse (Congrès ou Conférence nationale) ils seront appelés à valider les choix par un vote.
Enfin le résultat des élections de 2027 va d’évidence installer une situation politique nouvelle dont nous ne connaissons pas les contours (Que ce soit la reconduction de la droite plus ou moins accoquinée à l’extrême droite ou l’accession au pouvoir de l’extrême droite ou même la victoire de la gauche). Dans les trois hypothèses un congrès se révélera indispensable et, cette fois, il pourrait se consacrer à traiter les grands enjeux de l’époque.
Vous trouverez ci-dessous un courrier type pour adresser cette revendication à la direction nationale.