Contribution de Jean Marie Doussin
Je voudrais, comme d’autres camarades, réagir à l’interview de notre secrétaire national dans le Parisien.
Je suis moi aussi consterné :
- Par la démarche d’abord : Fabien Roussel dit parler « en son nom personnel », mais en quoi cela peut il justifier une prise de position publique, info relayée dans les médias bienpensants évidemment, à la veille du temps démocratique interne qu’est la prochaine conférence nationale ? Ce n’est pas l’expression du respect qu’ils sont en droit d’attendre, et celui de la confiance dans la capacité des communistes à décider librement et sans pressions…
- Sur le fond ensuite, ce que je constate, c’est que dans nombre de localités les militant-e-s du PCF “jouent le jeu” du nouveau Front populaire, apportent leur énergie, et leurs moyens matériels à l’activité des comités locaux qui s’y sont créés. Les limites de cet outil politique issu de l’accord électoral des législatives sont évidentes, à commencer par le fait que la condition du succès réside dans l’engagement du mouvement populaire et social lui-même, à égalité avec les formations politiques. Mais justement la fonction du parti c’est d’y travailler, et non pas d’y renoncer
D’autant que l’idée qu’avoir des candidat-e-s à toutes les élections comme un moyen “d’exister” et de se renforcer, ne tient pas la route une seconde au regard de l’histoire des 50 dernières années.
L’expérience en témoigne, que ce soient lors des deux dernières Européennes, les présidentielles ou encore les législatives, le constat est le même : le PCF a perdu le lien avec les gens dans la ruralité mais aussi dans les milieux urbains, partout et ce n’est pas l’analyse simpliste entre ruralité et centre urbain qui réglera notre problème.
Ne pas vouloir disparaitre est sain, mais quand cela devient le seul véritable objectif politique, un but en soi, un moyen d’oublier à quoi doit servir une organisation communiste, cela devient paradoxalement un moyen de disparaitre vraiment. Il y a longtemps que le communisme a besoin d’une véritable refondation : c’est un travail de longue haleine, qui ne peut pas être centré sur le seul objectif d’éviter un “effacement” organisationnel.
Une culture communiste se fortifierait par la mise en perspective d’un véritable projet de société transformateur et émancipateur, s’appuyant sur ce que porte la société elle-même, et en l’assumant ; l’inverse est faux, et on ne peut prétendre, sur la seule base d’une culture fantasmée, éviter l’enfoncement dans l’échec.
Il ne s’agit pas de l’intérêt du parti seulement ; c’est celui du peuple qui souffre et qui n’en peut plus des conséquences désastreuses des politiques ultralibérales. Ne pas prendre la mesure de la responsabilité historique du parti dans la période actuelle, alors que le fascisme frappe à la porte est une grave erreur, pire c’est une faute politique majeure, dont nous pouvons définitivement ne pas nous remettre.
Je demande à notre direction nationale d’en prendre la mesure et à la conférence nationale qui va avoir lieu d’affirmer sans ambiguïté que nous restons une force utile au rassemblement de toute la gauche de progrès social et écologique sans exclusive.