Éléments d’analyse des 2 séquences électorales : européennes et législatives

Contribution de Jean Claude Taillandier – Fédération des Yvelines

Je suis frappé pour ne pas dire inquiet de l’absence d’analyse précise et approfondie des 2 séquences électorales, européennes et législatives par notre direction nationale alors que cela figure à l’ordre du jour de la conférence nationale du 14 décembre. C’est pourtant, à partir de cet état des lieux, de l’analyse précise de l’état d’esprit des votants et des abstentionnistes qui nous pourrons définir les raisons de notre recul électoral et plus généralement de la gauche et par voie de conséquence ce qu’il faut changer dans nos orientations et notre stratégie. Inquiet au vu des interviews ou déclarations de nos principaux porte-paroles, Fabien ROUSSEL ou Léon DEFFONTAINES, qui tendraient à faire de la conférence nationale un moment pour décider de sortir du Nouveau Front Populaire responsable disent-ils de nos échecs électoraux.

Voyons plutôt !

Premier constat : Les élections européennes et législatives sont des élections différentes mais ont des points communs concernant le comportement électoral des Françaises et Français : une très forte abstention des ouvriers et employés, l’extrême droite qui progresse au détriment de la droite (partis macronistes et LR) qui régresse très fortement et la gauche qui n’apparaît toujours pas porteuse d’espoir avec une influence autour de 30%. Au moment des élections Européennes, le massacre du peuple Palestinien à Gaza, par l’extrême droite Israélienne a énormément marqué le peuple de notre pays et notamment les Français d’origine maghrébine qui l’ont fait savoir par une mobilisation électorale exceptionnelle. La quasi-totalité s’est portée sur la liste de la France Insoumise y compris celles et ceux qui votaient auparavant pour nous. Les attaques scandaleuses de toute la droite (Macron à Cioti) et son extrême contre la FI aurait mérité de la part de notre parti une solidarité dans notre camp (malgré nos désaccords) plutôt que de reprendre les arguments de nos adversaires. Cette stratégie nous a rendu inaudible voire opposé sur cette question alors que notre positionnement était très proche de celui de la FI. L’abstention électorale à gauche face au danger RN ! Malgré un regain de participation aux élections législatives pour empêcher le RN de prendre le pouvoir, 15 millions d’inscrits sur les listes électorales ne se sont pas déplacés malgré le danger d’une victoire de l’extrême droite. Qui sont-ils et pourquoi ? La grande majorité des ouvriers et employés, partageants les valeurs de gauche, est depuis de nombreuses années dans l’abstention électorale. Cela avoisine souvent les 70% dans nos cités HLM où nous réalisions nos meilleurs scores il y a 10 ans et bien avant. Combien de fois avons nous entendu, lors de porte à porte, des habitants nous dire qu’ils partageaient nos idées et propositions mais ne voyant aucun intérêt au vote. Nous constatons dans nos villes et villages, chez les habitantes et habitants qui aspirent comme nous au changement de société que le vote ne leur apparaît plus, pour beaucoup, comme n’étant plus la solution première pour se faire entendre et gagner (privilégiant grève, pétitions, manifs, associations, syndicats..) d’où l’abstention. A contrario plus on est de droite plus le vote apparaît comme étant la seule solution pour se faire entendre (un « homme ou une femme forte » à la tête du pays, trop de social, trop d’immigrés, trop de chômeurs qui ne veulent pas travailler…). Les ouvriers et employés qui continuent à voter sont d’abord et avant tout des électrices et électeurs de droite qui aujourd’hui, devant la dégradation de leurs conditions de vie, se sont massivement portés sur le vote RN. Voilà pourquoi notre campagne de clarification sur le programme du RN, qui est pourtant une arnaque sociale, n’a eu aucun effet pour les détacher de l’extrême droite ! L’ELECTORAT DE DROITE NE S’ABSTIENT PAS ET VOTE RN ! Même quand la gauche faisait 70 % dans nos quartiers populaires la droite faisait 30%. Il y a toujours eu un électorat ouvriers et employés anti gauche, anticommuniste, anti syndical, anti-immigré, anti social qui faisait la force de la droite et qui aujourd’hui fait celle du RN et du coup l’écroulement de la droite dans nos quartier populaires mais aussi dans l’ensemble des villes et villages . L’ensemble des partis de droite (Ensemble, Renaissance, Horizons et LR) totalise environ 30% des voix. Dans nos villes et villages, ce que la droite perd en voix c’est le RN qui les gagne. De ce constat, quelle première analyse ? Si au score électoral des partis de droite(les partis macronistes et le LR) on y ajoute celui de son extrême on s’aperçoit que cet ensemble conserve ses électeurs MAIS ceux-ci glissant vers la radicalité. Pour la gauche, les déceptions multiples, les renoncements à s’attaquer au pouvoir du capital notamment de la part du PS depuis le début des années 80 et la division que cela a produit à gauche, ont produit du renoncement électoral. Du renoncement électoral accentué par la difficulté de notre parti et plus généralement la gauche à travailler à un projet de société qui réponde aux besoins humains en termes de démocratie, d’urgence sociale et écologique. La preuve par les interventions et communiqués de la direction du parti concernant les multiples plans de licenciements (Auchan , Michelin…) restant sur le seul terrain revendicatif nous place dans l’inutilité politique. En finir avec la 5eme république c’est urgent ! La démocratie comme but et moyen pour dépasser le capitalisme ! Les individus demandent à être reconnu pour ce qu’ils sont alors que le capitalisme les réduits au silence dans l’entreprise et dans la cité ! L’utilité de notre parti sur cette question de la démocratie devrait être le cœur de notre démarche en portant des initiatives de rassemblement et des propositions le permettant.

Un système électoral d’un autre temps : L’élection présidentielle qui donne des pouvoirs immenses, à un homme ou une femme, équivalents à ceux de pays sous dictature. Des élections législatives, avec un scrutin majoritaire à 2 tours, qui obligent à des rassemblements électoraux avant le premier tour (et non après) pour passer les 12,5 % des inscrits obligatoires pour être au second tour. Portons haut et fort la proportionnelle et travaillons à promouvoir un tout autre rôle aux élus, consistant à rendre le pouvoir au peuple. Un autre élément explique le recul électoral à gauche ! La délégation de pouvoir recule dans une partie importante de l’électorat de gauche en rupture avec le système capitaliste (ce sont nos électeurs). Le système électoral qui consiste, pour les électeurs, à déléguer leur pouvoir à un-e- élus-e- est rejeté par une partie importante de nos électrices et électeurs potentiels qui pensent que le politique n’est plus en mesure de changer leur vie. La crise de la représentativité politique nous touche donc en premier.

Notre parti après ces 2 séquences électorales Aux européennes, notre liste conduite par Léon Deffontaines n’a pas réussi l’objectif de revenir au parlement européen et aux législatives nous perdons plusieurs députés. Notre utilité dans la société ne se démontre pas au moment des élections mais dans nos rapports avec les salariés et les habitants à partir de leur état d’esprit et leur vécu. Les salariés, du cadre à l’ouvrier, vivent très mal aujourd’hui dans leur entreprise l’emprise des actionnaires sur la stratégie industrielle au service exclusif du capital et le manque de reconnaissance professionnelle. Cette subordination à un patron qui décide sans partage alors qu’il y a tant de savoir chez les salariés, ça devient insupportable aujourd’hui pour une majorité d’entre eux. Sur cette question de la finalité du travail et donc passer du salarié subordonné à son patron à une femme ou un homme qui produit des richesses utiles à la population sur un territoire, notre parti pourrait être l’outil utile pour rassembler salariés, population, syndicats, partis de gauche pour travailler au dépassement du capitalisme par ce mouvement continu que nous appelons communisme. Les habitants sont soumis aussi au même régime antidémocratique. Qui décide dans nos villes et quartiers de l’aménagement du territoire? Les élus ? Souvent réduit à consulter les habitants sur des projets déjà décidés en dehors d’eux. Il ne suffira pas de dire qu’il faut refaire des sections d’entreprises ou des cellules de quartiers MAIS dans quel objectifs et pour faire quoi ? S’il suffit de refaire ce qui ne marche plus, c’est-à-dire « amener la bonne parole » souvent syndicale, alors nous serons d’aucune utilité pour la population et les salariés.

Le temps de la mise en commun des pouvoirs et des savoirs est venu, cela porte un nom: Le communisme.

Nous en sommes persuadés, le capitalisme n’est plus vivable car il porte la guerre partout dans le monde. Par les armes mais aussi par la guerre économique. Il y a urgence sociale, urgence écologique, urgence démocratique.

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