Je viens de lire Fabien Roussel dans son rapport au CN du 7 septembre. Ce rapport m’arrive par “alternative communiste” et non plus par la voie du parti lui-même.Il faudra donc s’y faire…passer par d’autres canaux pour savoir ce qui s’écrit en haut.
Les réunions dans ma section sont convoquées sans ordre du jour et aucun compte-rendu n’est envoyé aux adhérents.
Mais bon…Un effort démocratique a été fait : nous avons maintenant un parlement du NFP, nommé “conseil de circonscription” ce qui n’est déjà pas mal.
Je reviens sur Fabien Roussel et en particulier sur son analyse de la montée du RN que je trouve désolante, et même dangereuse : alors que le bateau PCF prend l’eau et avec lui la démocratie dans le pays, son secrétaire national rajoute un seau d’eau au lieu d’écoper.
Le monstre FN prend sa source dans le vide idéologique de notre direction et de la gauche classique que l’extrême droite a depuis longtemps décelé et exploité. Le PCF ne s’applique pas à combler ses insuffisances idéologiques anciennes bien ancrées dans les consciences. Pire, il reprend à son compte les thèmes et le langage de l’adversaire. Cela plusieurs camarades le disent ou l’écrivent comme moi.
La vigilance antifasciste nous impose depuis longtemps de nous unir dans la diversité de la gauche de transformation (et non d’accompagnement, celle qui a produit l’effondrement de l’espérance d’un véritable changement, et derrière laquelle notre direction court encore) tout en nous renforçant dans des actions qui mettent en avant un communisme à l’œuvre pour maintenant.
Fabien Roussel n’évoque aucune de ces deux causes : l’effondrement idéologique, la nécessité de construire une union avec les forces de transformation sociale. Mais, ce qui est plus grave, malgré la leçon que l’histoire électorale vient de lui donner, il persiste à désigner Jean-Luc Mélenchon comme “repoussoir” vers l’extrême droite. Cet ancien partenaire, que des communistes souhaitaient mort et enterré, non seulement les devance, mais il atteint 10 % aux Européennes et c’est la FI qui permet dans ma circonscription des bouches du Rhône au candidat NFP au communiste Nicolas Koukas de gagner 1000 voix aux législatives et de devancer le candidat FN De la Pagerie sur la ville d’Arles. Du coup les communistes arlésiens, pas mélenchonistes pour un sou, se font plus tendres à l’égard de la FI en prévision des municipales.
Les insoumis ont livré dans la campagne des législatives le gros des bataillons : des militants jeunes de surcroît, issus des associations proches de la FI comme Arles pour la Palestine et les amis de l’humanité que je préside se sont battues pour faire gagner notre candidat issu PCF. La section PCF est certes une force organisationnelle, mais de son propre aveu, elle manque de militants. Si Roussel venait à Arles pour participer à notre conseil de circonscription, il pourrait toujours essayer de tenter sa chance, jouer aux dés en misant sur “Mélenchon repoussoir vers l’extrême droite”!!! Non-content d’avoir lui-même perdu sa circonscription en appliquant une stratégie anti-FI suicidaire, Fabien Roussel avec lui la direction, Christian Piquet et la majorité du CN (qui sans doute s’interroge aujourd’hui) ont entraîné la chute de 4 députés communistes. Pierre Dharreville a été battu dans les bouches du Rhône. Il a eu beau, durant son mandat, montrer à quoi peut servir un député communiste, cela ne sert à rien, si les communistes tirent à boulets rouges contre la FI et critiquent les actions pour la Palestine tout en exprimant de temps en temps leur “solidarité avec le peuple palestinien.”Pour ensuite pleurer cette perte bien réelle en l’imputant à la FI.
Faire l’union avec la FI n’a pas coulé de source à Arles non plus. C’est très récent. La cause électorale y a joué son rôle, je ne me fais pas d’illusion là-dessus, mais on boit dans le verre qu’on a. Car il y a ici aussi un passif, fait d’anathèmes lancés à ces militants incontrôlables et aux quelques communistes qui s’en rapprochent. Les choses évoluent dans un sens unitaire avec ces conseils de circonscription. Y sont invités les associations, dont les amis de l’humanité (donc moi aussi) et je ne me prive pas d’y intervenir pour rassembler ce que certains au PS ont entrepris de désunir tout en affirmant dans le débat contradictoire une identité communiste que les plus sectaires ont tendance à occulter.
Je pense que la leçon des bouches du Rhône vaut pour ailleurs aussi. Et inversement.
Partout où les communistes se sont affirmés sur une ligne d’union sans pour autant masquer leur identité communiste et dans une solidarité active à l’international, ils gagnent. En suivant Roussel et Piquet, ils perdent.
Autre remarque : Bernard Friot a eu raison de dénoncer la proposition : “vivre dignement de son travail” que Fabien Roussel a placé au cœur de son thème lui-même “central” du travail.
Comme toutes nos insuffisances celle-ci est exploitée par le FN qui s’empare du caractère moral de la proposition pour y ajouter “en se débarrassant des parasites, les étrangers”. Parler du travail en termes de morale de dignité, c’est de la vieillerie des utopistes contemporains de Marx et Engels. Dans le film “Le jeune Marx” on voit comment au terme du débat les communistes approuve Engels et remplacent une banderole avec le mot “dignité” par une autre qui affirme que “la lutte des classes est le moteur de l’histoire”.
Les rédacteurs du manifeste du Parti communiste en 1848 s’étaient attachés à combattre les thèses moralisatrices des utopistes qui voyaient dans “la dignité” des travailleurs le moteur de l’Histoire.
Un secrétaire national du PCF se doit d’éclairer son parti, les classiques du marxisme à l’appui, sur la manière de mener la lutte des classes dans les lieux de travail.
J’ai beaucoup apprécié le passage de l’introduction où il est question des syndicats (de transformation) qui améliorent la situation au travail et du parti qui doit y poser la question de savoir transformation communiste. C’est un thème qui pourrait être utilement développé.
Au plaisir d’une prochaine rencontre virtuelle.