Approfondir la dynamique unitaire au sein du NFP

Contribution de Monique ETIENNE. – section de Digne- PCF04  

Il me semble qu’il y a deux questions centrales dans cette période :

1- celle du rassemblement des forces populaires de gauche pour apporter une réponse aux urgences sociales

2- celle de la guerre et de la construction de la paix.

Concernant le bilan des dernières élections, nous avons pu constater l’échec de la stratégie de notre parti de ne pas se présenter sur une liste unie de la gauche aux Européennes. La candidature communiste, en ne recueillant que 2,5% de voix, démontre que nous avons été inaudibles et, alors qu’il serait tellement nécessaire d’avoir des élu-es communistes au Parlement européen, pour le deuxième mandat consécutif, nous n’avons plus voix au chapitre.

Je croyais que tirant la leçon de cet échec, nous nous serions pleinement investis dans la construction du NFP. Nous avons tou.tes constaté que la dynamique unitaire qui s’est déployée pendant la campagne des législatives nous avait permis de reprendre une place importante dans ce.rassemblement et d’être de nouveau reconnus comme un partenaire.  Ce qui a pu se traduire par la candidature unitaire de Chassaigne à la présidence de l’Assemblée. Une fois de plus, comme pour la victoire au référendum contre le TCE et la dynamique du Front de gauche qui s’ensuivit, la démonstration était faite que c’est dans l’unité et en gardant complètement notre identité que nous marquions des points.  

Aussi quelle ne fut pas ma déception, une fois de plus, après l’article de F. Roussel dans le Parisien de constater que de nouveau on revenait à cette ligne suicidaire de la division au sein de la gauche et des atermoiements pour s’engager pleinement dans le renforcement du NFP. Pourtant, nous devrions nous appuyer sur cette expérience dynamique qui a permis à la gauche, contre toute attente, de revenir sur le devant de la scène politique et de gagner la première place aux législatives, stoppant les volontés du RN de prendre le pouvoir. 

Quelle meilleure réponse que celle-là pour combattre efficacement le RN ? 

Ce qui était formidable pendant la campagne des législatives, c’était qu’à partir du moment où l’unité s’est faite sur un programme clair, le NFP a su catalyser une réelle dynamique populaire avec la création de comités populaires dans les villes qui s’appuyaient non seulement sur les partis politiques mais aussi très largement sur le mouvement associatif et syndical et surtout, qui a réussi à mobiliser la jeunesse. Nous prendrions une lourde responsabilité de casser cet élan.

Je pense que si notre priorité est bien de répondre aux aspirations des classes populaires, il faut s’appuyer sur l’envie d’unité qui s’est exprimée très fortement à cette occasion, et se poser la question essentielle: comment ré-impliquer tous ces gens qui ont su se mobiliser, dont beaucoup de jeunes, pour renforcer un outil, le NFP, qui a le mérite d’exister et d’avoir leur assentiment pour le dynamiser en dépassant les questions de pouvoir des Etats-majors.   

Le PCF y a toute sa place en étant pleinement dedans, en impulsant un débat large et approfondi  pour l’édification d’une véritable alternative. Car c’est bien là que les communistes ont quelque chose d’essentiel à apporter : élaborer des propositions qui permettent de donner une vision  révolutionnaire aux luttes immédiates en posant la question centrale de la maîtrise par les travailleurs de leur outil de production, en défendant les services publics tout en démontrant pourquoi la droite et le capitalisme en font une cible privilégiée: parce que ce sont des conquêtes révolutionnaires et des conquis de classe, porteurs d’une réelle transformation sociale (la question du salaire à vie des fonctionnaires, la sécurité sociale, les retraites). 

C’est dans ce travail avec toutes les forces qui veulent un changement de société que nous pouvons être pleinement communistes, en travaillant à identifier un projet anticapitaliste qui à partir des conquis, des expérimentations actuelles, porteuses d’alternatives (comme par exemple les coopératives de production, les expériences d’une économie solidaire et non productivistes de ces jeunes des hautes écoles qui refusent de se soumettre au système, qui s’engagent dans les luttes pour le climat, les mobilisations contre le génocide à Gaza, contre les violences faites aux femmes et aux LGBT, contre le racisme et pour l’aide aux migrants, etc) ; autant  de perspectives qui montrent qu’il est possible de faire autrement.

Cessons les divisions stériles , les petites phrases, les fausses oppositions villes/ruralité ; défense du travail/luttes sociétales. Sortons des schémas idéologiques qui nous sont imposés par la pensée dominante autour du « wokisme » supposé des luttes anti-coloniales, contre l’islamophobie ou l’homophobie… Analysons au contraire comment tous les aspects aliénants de notre société individualiste et inégalitaire concernent notre combat global pour la transformation sociale et combien il peut rassembler contre la montée du RN qui lui a un projet national, certes simpliste et réactionnaire, mais identifié aux yeux des couches populaires qu’il rallie.

Face aux confrontations inter-capitalistes de plus en plus violentes à venir, le capitalisme menace le devenir de l’humanité en attisant les haines et les nationalismes, en jouant la carte de l’extrême-droite et celle de la guerre, nous n’avons pas le choix : il faut renforcer l’aspiration unitaire autour d’un projet qui  défende et s’appuie sur les « communs » comme base du changement. 

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