Contribution de Claudine Goix – Département du Cher
Je fais partie des communistes désencartées car il me semble que le PCF n’est plus communiste, surtout depuis le 38 ème congrès, ou est-ce à ce moment-là, que l’âge venant et l’expérience, les lectures, des voix nouvelles analysant la situation… j’en ai pris conscience ?
Le PCF a été, depuis ce moment-là, n’ayant plus de cap « révolutionnaire », hanté par les élections, sa représentation nationale se faisant par ce biais. Or, parallèlement, le monde était sérieusement en train de changer. Le CAPITALISME a déréglé le temps présent (comme dit Frédéric Lordon dans son livre « Figures du communisme »). Ce n’est pas l’homme qui est la cause du dérèglement climatique mais le CAPITALISME, nom commun que nombre d’entre nous, nombre d’interlocuteurs, nombre d’intervenants ont un mal fou à nommer. Et je partage ce point de vue. Il faudrait approfondir l’analyse des ressorts du capitalisme et des moyens qu’il met en œuvre pour perdurer, malgré une fin annoncée par certains.
Comment il rebondit ? Par l’innovation : la start-up. Par la fracture : les bénéficiaires du RAS contre les chômeurs, les gens des villes contre les gens des champs ou le contraire, les hétéro contre les homo, les blancs contre les noirs, etc…. Homophobie, xénophobie, racisme, tout est bon pour diviser, fracturer, isoler, empêcher la réflexion saine et nécessaire à la compréhension d’une situation sociétale complètement inédite du fait de rapports sociaux bouleversés, magistralement orchestrés par le capitalisme. Par l’individualisme exacerbé même si l’on constate de très nombreux lieux et actions de solidarité, de faire autrement, de vivre autrement : des déjà-là, comme dit Lucien Sève.
Comment il met en œuvre des « solutions ». Vous ferez bien un « petit geste » pour la planète ?
Sobriété, colibri, changer de mode de vie, trier encore et encore les déchets ; récupérer l’eau de la douche ; prendre des objectifs de compensation carbone ; énergie verte. Dans les campagnes, à grands renforts de démagogie, des sociétés démarchent les exploitants agricoles pour qu’ils acceptent des projets de méthaniseurs, des parcs photovoltaïques. Évidemment, tout ceci poussé par Chambre d’agriculture et FNSEA main dans la main en lieu et place d’offrir un revenu honorable avec des prix justes de rémunération à la production et à la vente. Les céréales ne sont plus produites pour la nourriture des bêtes, mais pour alimenter des « usines à gaz ». Et là, il y a une sacré bataille à mener !!!
Comment il propose, toujours plus de solutions « privées » face au démantèlement voulu de l’ensemble des services publics. Mais elles ont un coût. Et tout le monde ne peut se payer une mutuelle, par exemple, pour mieux se soigner en « s’offrant » des dépassements d’honoraires.
Comment, la classe dirigeante, la classe capitaliste compte sur la droite extrême et l’extrême droite pour mieux rebondir. C’est ainsi que le RN prospère et qu’il est en capacité avec ses amis comme Pierre-Edouard STERIN, milliardaire, de dévoiler son, leur, plan PERICLES avec une stratégie administrative et politique extrêmement grave.
Face au capitalisme ravageur pour l’homme et la nature, le PCF se complait, trop souvent, dans des postures de petites phrases, de « punchlines », de propos quasi populistes, du moins pour certains membres de la direction nationale, quand ce n’est pas son secrétaire. Des propos qui laissent dubitatifs quand il serait utile et nécessaire d’unir la gauche (en reconnaissant toute sa diversité historique), de réunir toutes celles et tous ceux qui ont cru au Nouveau Front Populaire et que F. Roussel semble remettre en cause !?(article du Parisien).
Faire confiance à la jeunesse porteuse de changement « ce n’est pas le climat qu’il faut changer, c’est la société ». Les communistes, là, précisément ont de très forts arguments à mettre en avant. Faire revivre l’idée communiste, ce que cela représente de changements dans une société où existerait le partage des richesses ; une société plus juste, plus solidaire, plus heureuse. Une société sortie du productivisme, de la croissance ou de la décroissance qui ne sont que le fruit du capitalisme, me semble-t-il.
Face à cette société bouleversée par les guerres, les famines, les milliers d’éxilés climatiques, politiques, face à la nécessité de refaire vivre l’internationalisme et la nécessité de la PAIX, les communistes dans leur Parti et dans tous les lieux de combats se devraient de le défendre.
La perte de représentativité du PCF ne s’analyse pas qu’à l’aune des résultats électoraux. Elle s’analyse aussi dans l’abandon d’une direction claire, sans ambiguïté, porteuse d’éléments politiques et stratégiques invariants. Elle s’analyse aussi, dans l’abandon de la culture communiste : les écoles, les soirées de travail thématique, la participation au monde des arts et de la culture, au monde des associations et collectifs qui irriguent la société française et où l’on découvre et trouve nombre de très belles personnes avec qui construire un monde meilleur.
Tout ceci forge des femmes et des hommes capables d’analyser la société et d’être en capacité, selon ses moyens, de la changer avec l’idée communiste du XXI siècle.