Échec du modèle soviétique : « Un débat tranché »

On croyait définitivement tranché le débat qui a suivi l’échec du modèle soviétique. Pourtant, à lire le projet le texte voté majoritairement par le Conseil national, on a comme un sentiment de retour en arrière. Dès le 27ème congrès en 1990 et plus encore au 28ème congrès en 1994, nous disions que la disparition de l’URSS nous plaçait au défi d’une analyse approfondie et du choix d’une novation communiste. Trois leçons principales devaient être tirées.

Il ne suffit pas d’abolir le capitalisme pour le dépasser. Vouloir construire une société qui lui soit supérieure, cela ne peut pas dire faire table rase de la société existante pour en édifier une autre de toutes pièces. C’est un processus de transformations, de luttes de classe dans tous les domaines de la société pour faire prévaloir une logique démocratique, sociale et humaine contre tout ce qui est facteur de régression.

Il n’est pas de dépassement possible du capitalisme qui puisse s’effectuer sans dépasser tout ce qu’il est, un système de domination sur la société et les individus. On ne libérera pas la société de ce système hors d‘un respect scrupuleux des libertés individuelles, du pluralisme, du suffrage universel et de l’essor de toutes les libertés.

Quand le déroulement des événements échappe à la maîtrise du peuple, il finit par se retourner contre lui. Quelle que soit l’intention affichée, aucun changement ne peut s’effectuer en faveur du peuple s’il n’est pas l’œuvre du peuple lui-même.

Dans ces décennies de turbulence, le PCF a réussi à éviter le piège fatal dans lequel sont tombés d’autres partis communistes de par le monde : le repli sectaire ou le renoncement social-démocrate. Il n’a pas renoncé à son beau mot de communiste.

Condamnation sans équivoque du stalinisme. Abandon de la dictature du prolétariat, du centralisme démocratique, du rôle avant-garde de la classe ouvrière, reconnaissance et respect des opinions différentes. La démocratie comme but et moyen, car il ne peut y avoir de communisme sans démocratie. Il aura fallu de nombreuses années pour que notre parti abandonne, une à une, les pierres angulaires du modèle. L’échec de ce régime, étatiste et dévoyé aura largement hypothéqué toute tentative de projet d’émancipation sociale, d’alternative au capitalisme. Il est l’une des causes, sinon la cause essentielle, de notre affaiblissement. Ce n’est pas « d’effacement » dont nous parlerions, mais de « disparition » si nous revenions, d’une manière ou d’une autre sur ces acquis de plus d’une trentaine d’années.

Robert Clément

3 commentaires

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  1. Le retour en arrière c’est vous. En 2018 les adhérents du Pcf, on voté pour dégager les apparatchiks. Faire du Pcf un parti d’adhérent et de militants et non un parti d’élus et de notable. D’ailleurs on retrouve dans les signataires nombre d’anciens élus et de notable.

  2. Quelle honte . Laisser croire que Roussel et le PC actuel sont nostalgique de l’URSS, voir du Stalinisme. Quand je vois les signataires, une belle brochette de notables. Avec eux c’est le retour en arrière. Et oui ne vous en déplaise aujourd’hui le PCF appartient a ses adherants et non au fils de, aux élus, ou à toute cette vieille garde qui a fait tant de mal au PC

  3. J’aimerai que Robert explicite la première phrase de sa contribution:
    “On croyait définitivement tranché le débat qui a suivi l’échec du modèle soviétique. Pourtant, à lire le projet le texte voté majoritairement par le Conseil national, on a comme un sentiment de retour en arrière.”
    Quel passage du texte voté par le CN ?
    Par ailleurs je suis totalement d’accord avec son analyse sur “Échec du modèle soviétique” et combien il a porté tort au mouvement communiste international et notamment à notre propre parti.