Contribution de Daniel Duguet
« Il nous faut dresser un constat sans tabous » ; c’est ainsi que commence la contribution du CEN à l’animation du débat des communistes ; celui-ci nous invite à faire le point sur la situation de notre parti et sur la mise en œuvre de la stratégie adoptée lors des 38ème et 39ème congrès.
On ne peut en effet analyser cette situation uniquement au travers de la séquence électorale européenne et législative.
Au 38ème congrès, la majorité des communistes, a considéré que l’affaiblissement électoral de notre parti, était essentiellement dû, à notre absence lors des dernières échéances présidentielles. Cet effacement risquant de conduire le PCF à sa disparition, il a été décidé, que nous serions présents à toutes les élections, ce qui devait permettre une remontée électorale, et un renforcement quantitatif et qualitatif de notre parti.
C’est cette orientation qui a été mise en œuvre depuis 6ans avec les résultats suivants : élections européennes de 2019 – 2,49% – 0 élu. Elections présidentielle de 2022 – 2,28% – soit (+ 0,35% sur 2007) et 100 000 voix supplémentaires mais avec 4,2 millions d’électeurs en plus. Elections européennes de 2024 – 2,36% – 0 élu. Concernant les élections législatives de 2022 et de 2024, la persistance de notre influence électorale autour de 2,5% nous a contraint à accepter de n’être présents que dans 50 circonscriptions, et de perdre ,au final 4 élus sur 12.
Quant à nos forces organisées si on se réfère au nombre de communistes à jour de leurs cotisations lors des votes internes, elles sont en constante diminution : 38ème congrès – novembre 2018 : 49 231 inscrits .Vote pour la présidentielle – mai 2021 : 43 888.39ème congrès – avril 2023 : 42 237 inscrits. Vote candidature européennes 2024 : 40 271 inscrits. Même si ces chiffres ne prennent pas en compte des cotisations en cours, ils montrent une tendance continue à la baisse.
La mise en œuvre des 38ème et 39ème congrès, ne nous ont pas permis d’inverser la tendance de notre affaiblissement. Pire l’existence même du groupe communiste à l’assemblée nationale est gravement menacée pour les échéances à venir (avec des conséquences sur les autres scrutins).
Il ne suffira pas d’approfondir les orientations du 39ème congrès pour inverser cette tendance, mais dans l’immédiat nous faut être à l’offensive dans la construction d’une véritable politique d’union et de rassemblement . Il y a urgence vu le risque d’élections législatives anticipées dans maintenant moins d’un an.
Le rôle positif que notre parti a joué lors de la dissolution de l’AN, pour la création du NFP, pour l’apport communiste à son programme, pour les candidatures au poste de 1er ministre ,et à la présidence de l’A N, a été reconnu et apprécié comme tel .La gauche n’est pas vouée à plafonner à 30%, une dynamique peut-être crée, avec le NFP, notre parti peut y jouer un rôle important reconnu par la population .
Nous pouvons, tout en continuant à faire nos propres propositions, être les meilleurs garants du NFP ce qui n’exclut pas les débats contradictoires, sans polémiques, pour dépasser politiquement les désaccords .C’est toujours dans les périodes où le parti a joué son rôle de rassembleur, qu’il a été reconnu comme utile (et pas seulement visible )et qu’il en a tiré les fruits. L’union a ses exigences que Cécile Cukierman rappelait ainsi dans l’huma du 01/10 :
‘’être de gauche, ce n’est pas forcément avoir une attitude clivante. On peut avoir un discours combattif sans être dans l’outrance .Il nous incombe enfin de bien laisser de côté les règlements de compte médiatiques, loin des petites phrases. La situation des gens se dégrade. Il y a urgence. Le NFP doit donc renforcer son travail entre partis, organisations syndicales et associations. Ce qui est certain, c’est que seule l’unité dans le respect des sensibilités de chacun nous permettra de gagner. L’unité est très exigeante à faire vivre, mais elle représente la seule solution pour obtenir demain une victoire incontestable dans le pays’’.
L’échec de Macron a réduit provisoirement le poids du président et redonné de l’importance au parlement ,notamment celle de de l’assemblée nationale. Cette situation peut nous permettre de faire monter l’exigence d’une république renouvelée et démocratique, par des mesures ne nécessitant pas une révision de la constitution (contrairement à une 6eme république) concourant à la mise en cause du système présidentiel et permettant de redonner sa place au parlement en lien avec le mouvement social :
- Ré- inversion du calendrier presidetielle/législatives
- Qualification pour le 2ème tour de l’élection présidentielle, des candidats ayant obtenu au premier tour un pourcentage des inscrits à définir .(et pas seulement des 2 premiers)
- Proportionnelle à toutes les autres élections, sans prime au premier, ni plancher électif.
- Référendum d’initiative citoyenne.
Ces propositions existent déjà, elles ne sont pas exhaustives, elles méritent d’être popularisées. Elles peuvent aider à la construction et au renforcement du NFP. Il y a urgence à redonner de l’espoir à notre peuple dans une véritable politique de gauche et pour empêcher aux droites extrêmes d’accéder au pouvoir.
Concernant les quartiers populaires, il ne faut pas se tromper de diagnostique. Même quand la gauche faisait 70% dans les quartiers populaires des villes que nous dirigions, un électorat ouvrier et employé, populiste, raciste, anti-syndiats, anticommuniste, faisait autour de 30% des voix. Cet électorat devant la dégradation de ses conditions de vie s’est porté massivement sur le RN, affaiblissant du même coup la droite LR. L’électorat de gauche n’a que très marginalement voté RN. Aux législatives de 2022 il s’est abstenu jusqu’à plus de 75% des inscris, dans certains quartiers populaires, et quand il s’est relativement mobilisé en 2024 ce n’est pas pour voter communiste mais pour faire barrage à l’extrême droite. Pourtant ces électeurs sont attachés aux conquêtes sociales, économiques ,démocratiques, arrachées tout au long de notre histoire, et même quand ils reconnaissent le rôle joué par les communistes pour l’obtention de ces acquis, ils considèrent que le vote ne sert à rien. Pourtant les idées et acquis communistes existent « indépendamment de la conscience qu’ils en ont » et ils sont bien plus importants que l’influence électorale du PCF. Nous devons nous attaquer à cette question avec les moyens dont nous disposons (un parti affaibli dont l’âge médian est de 64 ans) et non avec un parti fantasmé qui pourrait retrouver de l’influence par de simples mesures d’organisation et des campagnes de renforcement (absentes de la fête de l’Huma depuis plusieurs années).
Ce sont avant tout des questions politiques qui nous sont posées ;cela nécessite certainement un congrès dès que possible.