Quel bilan de la stratégie du parti depuis le 38ème congrès ? La responsabilité de la conférence nationale : Stop ou encore

Contribution proposé par Rogé Henri de la section du Roumois, fédération de l’Eure et adopté à l’unanimité des présents de l’AG de section.

Notre conférence nationale du 14 décembre 2024 doit, après le 39ème congrès du Parti de mai 2023 faire un bilan sans concession de la ligne stratégique du Parti depuis le 38ème congrès de 2019.

L’orientation politique majoritaire aux congrès de 2019 et de 2023, est un échec majeur sur trois plans :

    • Échec électoral lors des élections : présidentielle de 2022, législatives de 2022 et 2024, européennes de 2019 et 2024,
    • Poursuite de la perte d’adhérents,
    • Pas d’implantations nouvelles significatives de cellules que ce soit dans les entreprises, les quartiers populaires ou les villages ruraux.

Quel bilan de la stratégie mise en place depuis le 38 puis le 39eme congrès ?

Les résultats des élections.

Lors de la Présidentielle de 2022, Fabien Roussel obtient 2.3 % des voix, le score le plus faible du Parti après celui de Marie George Buffet en 2007. Je dénonçais lors du 39e congrès l’irresponsabilité de la direction du Parti quand elle refuse de retirer quand c’était encore possible, la candidature de F. Roussel, ce qui aurait peut-être permis un duel Macron- Mélenchon. De fait, cette position a contribué à valoriser l’extrême droite en lui donnant une couverture médiatique considérable qui aurait pu être évitée, avec les conséquences lourdes que l’on connait aujourd’hui….

Lors des Européennes de 2019 et 2024 : le fait de présenter une liste PCF en refusant une liste unitaire a été extrêmement lourd de conséquences ; nous n’avons plus de députés européens depuis 2019. Le parlement européen est donc privé de députés communistes pendant 10 ans, fait inédit depuis 1979 ; là encore, le Parti fait un score en dessous de 2.5% comme à la Présidentielle. Nous ne sommes pas remboursés des frais de campagne alors que la trésorerie du parti est dans le rouge.

S’engager dans une stratégie unitaire, à gauche avec les Insoumis et avec les Verts nous aurait peut-être permis d’avoir au moins 1 ou 2 députés européens. Lors des législatives de 2022 et 2024, là encore, la stratégie refusant toute alliance, en priorité avec LFI a été extrêmement lourde de conséquences. Puisqu’il nous faut dresser « un constat sans tabous », alors en 2022, est-il exact que LFI a proposé 150 circonscriptions au Parti ? J’ai questionné à plusieurs reprises sur ce

point, notamment la direction du parti, sans réponse à ce jour !

Dans l’affirmative, cela aurait permis d’ambitionner une influence beaucoup plus forte à l’Assemblée Nationale. Est-il exact que la direction du Parti a refusé ? Notre groupe PCF a été sauvé in extremis par la création de la NUPES. Mais la direction du Parti, son secrétaire national en tête, s’est empressé de la dénoncer et de la quitter.

En 2024, ce n’est que par la création du Nouveau Front Populaire (NFP), devant la menace fasciste d’accéder au pouvoir, que le groupe se maintient. Nous constatons que le Parti est la seule composante à perdre des sièges par rapport à 2022 : avec les défaites de P. Dharéville, JM Tellier, S. Jumel et F. Roussel, c’est à la disparation d’un tiers de nos députés que nous assistons alors que les groupes LFI, PS et Verts progressent en nombre de sièges.

Le nombre d’adhérents et des organisation du parti : cellules et sections.

Le Parti est en baisse continuelle au niveau du nombre d’adhérents. Au niveau national, de congrès en congrès, nous perdons des milliers de cotisants. Nous étions 49 231 au 38e congrès et 42 237 au 39e soit moins 7 000. Avec la diminution du nombre d’adhérents, l’absence d’adhésions liées pour une part à notre stratégie d’isolement, cela conduit, de fait, à ce que la moyenne d’âge du Parti augmente automatiquement. D’une structuration du Parti, où celui-ci était présent dans de très nombreux quartiers, villages et entreprises avec une présence active des cellules, notamment par la diffusion et la vente de l’Huma, nous assistons, depuis plusieurs décennies, à une quasi disparition des cellules. Là où il y avait 2 ou 3 cellules et une section, il ne subsiste qu’une section. C’est notre cas dans le Roumois (27).

La stratégie des 38e et 39e congrès est à l’évidence un échec très lourd de conséquences.

Au bilan relatif aux élections et à l’état de notre organisation caractérisé par le repli identitaire du Parti, nous devons ajouter que apparaissons au travers des déclarations de nos dirigeants et de F. Roussel en particulier, comme l’ennemi Numéro 1 de LFI. Lorsque nous rejoignons la NUPES en 2022 puis le NFP en 2024 ne sommes-nous pas vus comme des opportunistes, évitant par là même la disparition de notre groupe PCF à l’Assemblée…

A ce bilan, s’ajoute celui de la position du Parti sur la situation en Palestine et Gaza en particulier.

Certains communistes ont été offusqués que le PCF emboite le pas au CRIF, à la droite et aux socio-libéraux sur le thème du terrorisme, de l’antisémitisme de la FI (BFM : Fabien Roussel “aimerait bien que Jean-Luc Mélenchon et d’autres de ses députés clarifient leurs positions”).

Fabien Roussel a même eu cette phrase insultante pour les quartiers des villes populaires : “Ça fait longtemps que le PS ne parle plus qu’aux bobos des villes et Mélenchon à la fraction radicalisée des quartiers”. Peut-être devons-nous mesurer la baisse de l’abstention aux européennes et législatives dans les quartiers populaires à l’aune de cette phrase : “fraction radicalisée des quartiers périphériques” (JDD 6 mars 2022). Des communistes ont alerté contre le choix de la direction nationale de diviser le mouvement de solidarité avec la Palestine, de refuser de participer aux premières manifestations, de refuser de signer les appels du collectif national. Est-ce ce choix de la politique nationale contre la FI qui a tué notre internationalisme et notre lien avec les quartiers populaires ?

Face à la menace réelle de disparition du PCF, quelles responsabilités de la conférence nationale ? STOP ou ENCORE !

Devant un tel bilan, la question est simple : Stop ou encore ! Nous pensons que la disparition pure et simple de notre Parti n’est pas une vue de l’esprit : nous ne sommes plus dans le déclin observé au début des années 80.

Poursuivre dans cette stratégie serait suicidaire : le Parti poursuivrait sa marginalisation, les échecs électoraux n’auraient aucune raison de s’arrêter, la faiblesse organisationnelle et la perte d’adhérents s’accéléreraient. Il y a donc urgence à tirer les enseignements de cette stratégie mortifère engagée depuis le 38ème congrès, pour le projet d’une société éco-socialiste que nous portons, pour la victoire des forces progressistes , politiques, syndicales, associatives qui se sont mobilisées contre l’extrême droite et pour la victoire du NFP, pour que notre Parti redevienne l’outil politique révolutionnaire et influent chez les classes populaires au sein d’une dynamique unitaire dont nous devons être les moteurs.

Sur la base de cette orientation unitaire, il est impératif de contribuer au développement de comités unitaires du Nouveau Front Populaire dans la continuité de ce qui a été entrepris lors des élections législatives. Dans ces comités les communistes prendraient toute leur place, se feraient connaître et proposeraient, à celles et ceux que nous rencontrerons de nous rejoindre. Sur la base de cette nouvelle orientation unitaire, il est impératif de revenir à un engagement internationaliste pleinement assumé et sans ambiguïté en particulier avec le peuple palestinien et libanais, victimes de la politique du gouvernement d’extrême droite israélienne dirigé par Netannyahou. Sur la base de ces orientations unitaires qui rompraient avec les orientations actuelles adoptées lors des 38e et 39e congrès, il conviendrait bien évidemment de réfléchir aux nouvelles orientations du Parti, définies comme précédemment, de mandater une nouvelle direction nationale chargée de les mettre en œuvre, et ce, lors de la conférence nationale du 14 décembre 2024.

Voilà chers camarades l’état d’esprit dans lequel je suis. Je suis très attaché à notre Parti auquel j’adhère depuis des dizaines d’années. Mais l’orientation actuelle donnée par la direction en place me semble aller à l’encontre de la dynamique à engager pour que mon Parti joue son rôle de parti révolutionnaire en prenant toute sa place au sein du NFP. Sur tous ces constats, il me semble fondamental d’être aujourd’hui capable de dire que notre direction a fait des erreurs, de le dire et de modifier le plus rapidement possible nos choix, orientations et dirigeants.

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