Quelques éléments sur le rapport et les débats du Conseil National du 5 juillet

A noter d’abord que nous sommes désormais sur une direction nationale qui réunit de moins en moins de camarades et qui travaille sur des séquences très brèves.  Ce qui a plusieurs conséquences : un parti qui fait de moins en moins de politique et une direction qui se coupe de ce qui se dit dans les fédérations.

Le rapport du Conseil national ne porte pas vraiment d’analyse politique de la situation. On assiste à une succession de phrases qui ne sont étayées par aucun argument.

Ce qui aboutit à l’idée que l’on « nagerait en absurdie ».

Une certaine autosatisfaction est au rendez-vous, que ce soit sur l’industrie, le nucléaire, la protection de l’enfance ou la Palestine (à noter une phrase contre la flottille de Gaza), le rapport conclut « nous sommes un parti intellectuellement bien vivant, connecté au réel, aux enjeux. » « A la veille des municipales, c’est l’occasion de rappeler ce que le PCF sait faire, ce que le PCF sait gagner partout sur le territoire. »

Le rapport enchaîne ensuite sur l’argumentation développée depuis la semaine dernière pour justifier la non-participation à l’initiative de rassemblement de la gauche portée par Lucie Castet « nous ne ferons pas l’impasse sur les municipales » (comme si quelqu’un proposait cela), « nous n’accepterons pas les divisions pour ces élections », ou « le meilleur moyen de se projeter sur 2027 c’est gagner en 2026.

En fait toute l’argumentation est construite dans l’optique d’aboutir à une candidature communiste à l’élection présidentielle justifiée dans le rapport en ces termes « le PCF fort de son travail, de son implantation, de son expérience y compris de la dernière présidentielle est tout à fait capable de travailler à une telle candidature pour la mettre au service de ce rassemblement » « pourquoi ne pas la mettre en débat parmi les Français comme d’autres l’ont déjà fait. »

En ce qui concerne les législatives, la posture reste la même « nous devons nous préparer à des législatives anticipées et à toutes les éventualités. Y compris, comme nous en avons décidé lors de notre dernière Conférence nationale, en construisant des candidatures de rassemblement, au plus près des réalités locales, tenant compte des rapports de force, dans tous les départements de France. »

1ère remarque :  une absence totale d’analyse de la situation et de construction politique, le seul objectif étant la candidature à la présidentielle.

2ème remarque : la discussion au conseil national a beaucoup tourné autour de la question du rassemblement pour 2027 et de la décision de l’exécutif national de ne pas participer à l’initiative du 2 juillet dernier. La direction nationale a été mise en difficulté par une succession de prises de parole critiques sur le choix du CEN.

De nombreux camarades sont intervenus pour dire le danger d’extrême droite, l’attente de dynamique de rassemblement, le rejet de la politique de la chaise vide ou d’une décision de non-participation prise en dehors du conseil national qui est l’organe de direction du parti.

D’autres camarades, sont intervenus pour dire être d’accord avec la non-participation le 2 juillet mais ont posé la question du rôle du parti dans la dynamique de rassemblement.

Certes, d’autres membres du Conseil National sont intervenus pour aller dans le sens de la direction mais la nature du débat a eu pour effet l’adoption sans discussion d’un amendement au texte de résolution que nous avions déposé. La version que vous avez reçue intègre cet amendement qui a permis d’ajouter en fin de paragraphe après la phrase : Telle est la condition d’une union solide et durable des forces progressistes « qui doit se traduire lors des prochaines élections municipales, présidentielle et législatives. »

Ce qui donne : « C’est avec l’ensemble du monde du travail, en lui permettant de redevenir acteur de son destin, qu’il s’agit de rassembler le plus largement et d’écrire un pacte national pour un autre avenir de la France. Telle est la condition d’une union solide et durable des forces progressistes qui doit se traduire lors des prochaines élections municipales, présidentielle et législatives. »

Cette résolution a été adoptée par 68 camarades, 1 contre, 19 abstention.

Cela ne va certes pas suffire à changer d’orientation mais elle dit ce qui évolue dans le parti pour que la direction décide d’adopter cet amendement sans discussion.

Par ailleurs, le rejet grandit dans les fédérations face à certaines déclarations, à certains positionnements ou choix politiques. C’est vrai sur les questions du rassemblement, du combat contre l’extrême droite, des déclarations sur la flottille de Gaza ou la faiblesse du combat sur la Palestine, la position sur la loi Duplomb, la volonté -non suivie par le groupe à l’Assemblée nationale- de ne pas voter la censure…

Il faut continuer à alimenter politiquement ces doutes, ces interrogations qui s’expriment maintenant ouvertement en Conseil National par des camarades qui ont conscience de la gravité de la situation et de la nécessité de porter un projet politique capable d’y répondre.

Vous trouverez ci-dessous la résolution votée lors de ce conseil national ainsi que l’introduction de Fabien Roussel.