Revoir le diagnostic du 38ème Congrès

Contribution – Pascal Lederer, fédé de Paris,

  1. Revoir le diagnostic du 38ème Congrès : Il y a six ans, confronté à l’affaiblissement du PCF, le 38ème Congrès avait avancé une explication : la direction issue des Congrès précédents travaillait à l’effacement du PCF. Il fallait un changement d’orientation : abandonner la stratégie de rassemblement des forces de gauche, qui n’était qu’un paravent pour achever la disparition du PCF, et donner la priorité au renforcement du parti. …Depuis, cette orientation nouvelle a abouti à la perte de nos trois députés au Parlement Européen, confirmée lors des dernières élections européennes, et à la perte de 4 députés PCF lors des élections législatives. Le score électoral du PCF  est resté aux alentours de 2%. Pendant ce temps le RN étendait son influence et les menaces contre la démocratie se renforçaient. En rester à la seule constatation désabusée de ce triple échec depuis le 38ème Congrès reviendrait à la politique de l’autruche. Il est maintenant établi que le diagnostic du 38ème Congrès était erroné. L’examen des causes et des conditions de notre affaiblissement aggravé reste à faire, ainsi que les conséquences à en tirer pour notre ligne politique.
  2. Revenir à la politique de rassemblement :  …Depuis le 38ème Congrès, la direction de ma section, que j’ai quittée après le 39ème, en phase avec celle du PCF issue du 38ème Congrès, analysait la situation politique en France comme résultant d’un affrontement entre le PCF et le pouvoir. Les autres forces de gauche étaient considérées comme des supplétifs du pouvoir, ou tout simplement ignorées. Le danger RN n’était pas un souci majeur. Les divergences programmatiques avec les autres forces de gauche étaient déclarées insurmontables. Le langage était celui d’une invocation fréquente à un marxisme sommaire qui fournissait les solutions clés en main. Le travail des militants était de faire connaître à nos concitoyens les seules solutions pour résoudre leurs problèmes : se ranger derrière celles du PCF. Le poste de vente de l’Huma, qui avait été avant le 38ème Congrès un foyer hebdomadaire de débats politiques avec nos concitoyens, se réduisait à un soliloque des militants. D’ailleurs l’objectif considéré comme le plus utile était la visibilité du PCF dans les media, sur la ligne du 38ème congrès, puis celle du 39ème, avec l’exhortations à nos concitoyen-ne-s de se ranger derrière notre drapeau. Depuis le 38ème Congrès, les adhésions nouvelles se sont faites sur cette ligne, cependant que nombre de camarades s’en allaient sans bruit. Invoquer « la vague brune » comme explication de nos échecs, en lieu et place du diagnostic erroné du 38ème Congrès serait persévérer dans l’erreur. Le PCF, après avoir activement dénigré la NUPES, ce qui a été sévèrement jugé par l’opinion de gauche, a été la seule force politique de gauche à affaiblir sa représentation parlementaire lors du 2ème tour des législatives de juillet 24. Il s’est joint aux forces du NFP contraint par un mouvement puissant de l’opinion de gauche pour l’unité populaire. Il aurait disparu s’il ne l’avait pas fait et s’il avait persévéré dans la ligne solitaire du 38ème et 39ème Congrès. Jusqu’au premier tour des européennes il avait perdu son image de force de rassemblement pluraliste, sans hégémonie, qu’il n’aurait jamais dû abandonner. Il aurait dû faire vivre cette politique à la fois en déjouant les tentations hégémoniques de LFI et en s’appuyant sur l’aspiration à l’unité de l’opinion progressiste.
  3. Dans la période actuelle : le PCF devrait avoir comme politique d’être le meilleur artisan du renforcement du NFP, y compris en mettant en débat parmi nos concitoyens des propositions d’action mobilisatrices sur des objectifs utiles au progrès social, au renforcement du NFP et à l’affaiblissement des forces de droite et d’extrême droite. Il faut mettre en débat la proposition de créer partout ou c’est possible des comités de soutien au NFP
  4. Politique étrangère : En ce qui concerne cette dernière, la ligne défendue par le PCF à propos  du Proche Orient a été utile  pour maintenir dans l’opinion des perspectives de paix fondée sur la mise en œuvre des résolutions de l’ONU, en maintenant l’affirmation du droit des peuples palestinien et israélien à la Paix, l’indépendance et la sécurité. C’est sans doute pour une part au PCF que l’on doit la bonne qualité du programme du NFP sur la question du conflit du Proche-Orient comme sur la question de la lutte contre l’antisémitisme et tous les racismes. En ce qui concerne le conflit russo-ukrainien, l’expression du PCF m’a semblée marquée par le désir de déjouer l’identification du PCF aux intérêts de la Russie, que la propagande a longtemps analysée comme un clone de l’URSS. Mais voter la livraison d’armes à l’Ukraine, avec la droite est difficile à justifier. Il eut fallu une affirmation énergique pour une paix fondée sur le respect des intérêts de tous les peuples concernés : le peuple ukrainien, les peuple de la fédération de Russie mais aussi le peuple russophone du Donbass, opprimé et bombardé depuis 2014 par les va-t’en guerre nationalistes ukrainiens. La lutte pour la paix, pour un pacte de sécurité collective en Europe est fondamentale. L’opposition à l ‘adhésion de l’Ukraine à l’UE doit être inflexible, comme celle de son adhésion à l’OTAN. L’adhésion à l’OTAN de pays qui, comme la Finlande ou l’Ukraine ont une frontière commune avec la Russie est une menace pour la paix. L’Ukraine doit être neutre. Il doit se démarquer clairement des régimes qui piétinent de nombreux traits de la démocratie et présentent une image repoussante du communisme, comme celui de la Corée du Nord, ou celui de la Chine, dont la trajectoire semble s’orienter vers une dictature du grand capital sous la direction d’un parti qui se prétend communiste.