Une réorientation des choix de congrès s’impose pour rester une force utile et un parti politique qui influence l’avenir de notre pays !

Contribution de François Jarquart

Suite à la dernière période politique et électorale, les orientations du congrès sont à interroger et à modifier parce qu’elles sont en échec.

La stratégie actuelle de notre parti date de deux congrès.

Sous le slogan très particulier du “PCF is back”, le dernier congrès annonçait un progrès du PCF aux élections du fait que nous allions présenter un candidat à chaque élection dont un candidat PCF lors de la présidentielle.
Nous allions aussi glisser vers un progrès en nombre d’adhérents parce que le PCF serait plus visible, s’en suivrait également une implantation de cellules à l’entreprise,

Pour justifier cette stratégie, le 38ème Congrès avait avancé une explication simpliste : la direction issue des Congrès précédents travaillait à l’effacement du PCF.
Il fallait un changement d’orientation en substituant au rassemblement des forces de gauche, une autonomie, une identité, qui seraient la garantie du renforcement du parti, tant électoralement qu’en nombre d’adhésions.

Aujourd’hui nous sommes à l’heure d’un bilan et la conférence nationale devrait en tirer les enseignements et proposer une stratégie adaptée au principe de réalité.
Nous sommes en échec et donc les décisions prises au congrès ne sont donc pas les bonnes.
Un congrès extraordinaire devrait être convoqué urgemment pour réorienter nos choix au regard de la gravité de la situation politique et du risque réel de voir l’extrême droite et ses idées accéder au pouvoir. C’est déjà en partie fait.

Le PCF a une responsabilité historique et se doit d’être à la hauteur par ses décisions stratégiques et ses propositions de rassemblement comme par ses propositions économiques, sociales, environnementales et sociétales.

Les résultats des élections européennes et des législatives actent un nouveau recul électoral.
Cela fait maintenant plusieurs élections où nous réalisons un score aux alentours de 2%, en 2019 aux européennes, aux présidentielles et aux européennes du 9 juin.
Aux législatives nous n’avons plus que 8 députés soit 4 députés de moins alors que toutes les autres forces du NFP progressent. Le PS double ses députés (+28), FI et EELV gagnent chacun 5 députés.

Et pourtant dans cette même période, nous avons été visible médiatiquement par une présence forte de notre Secrétaire National, ce qui faisait dire à de nombreux camarades que les choix du congrès portaient leurs fruits.

Il est d’ailleurs utile de noter que les médias ont utilisé la parole de notre Secrétaire national comme coups de boudoirs pour affaiblir la NUPES, diviser la gauche.
Les ” punchlines” , les petites phrases plaisent aux médias et contribuent à la médiatisation de Fabien Roussel.
Alors, nous dit-on, il plaît, mais à qui et pourquoi ?

J’ai coutume à penser que quand les médias font la part belle aux communistes, c’est certainement que l’on est dans l’erreur.

Clairement, cela a été le cas.
A gauche et chez les écologistes, parmi les jeunes notamment, nous avons été perçus comme mettant d’abord en avant les différences et les divergences et non ce qui rassemble et qui est important et mobilisateur.

Le PCF a été perçu comme cherchant en permanence l’affrontement public avec les autres forces de gauche ou leurs dirigeants.

Cela a été jugé contre productif et je partage ce jugement.

C’est une des raisons du manque de mobilisation pour le vote communiste aux européennes et pour nos candidates et candidats aux législatives.

A cela, se sont ajoutées des prises de positions personnelles de notre Secrétaire National, de notre tête de liste aux européennes qui ont heurté, choqué y compris chez les camarades.

Ces prises de positions se poursuivent encore aujourd’hui sans qu’aucune n’est fait l’objet d’un débat et d’une validation politique par le parti.
Beaucoup mettent mal à l’aise les communistes au quotidien dans les syndicats, les associations où ils militent également.

Entre autres sur les questions d’immigration ou de « société apaisée » et de sécurité, où se font et où se décident les prises de position du PCF ?

Cela nous ramène aux questions fondamentales et notamment notre utilité.

Comment combattre les idées et les valeurs de l’extrême droite sans pour cela remettre en cause les nôtres par une forme de populisme qui n’a rien à voir avec une approche marxiste, humaniste et internationaliste qui a construit le Parti communiste français, respecté notamment des forces progressistes dans le monde ?
Comment, sans les outrances de LFI, ne rien lâcher sur la question palestinienne sur laquelle, qu’on le veuille ou non, nous sommes inaudibles notamment là aussi de la Jeunesse?

Comment, tout en existant politiquement, être des acteurs positifs et constructifs des rassemblements comme le NFP?

En traînant les pieds, voire en remettant en cause la NUPES, puis maintenant le NFP et même si ce n’est pas parfait, le PCF contribue lui aussi à redonner force à la sociale démocratie qui se présente comme l’alternative et se restructure.
Des dirigeants nationaux de notre parti sont mêmes présents lors des rencontres organisées par des responsables de ce courant.

Pourtant nous savons, pour l’avoir payé cher et avoir constaté la montée du FN pendant les périodes de domination de la sociale démocratie, que la solution aux maux de toutes natures provoqués par le capitalisme ne se régleront pas par un retour au pouvoir des sociaux démocrates.

Certes aujourd’hui la gauche est dominée par LFI et que pour gagner un rééquilibrage à gauche est nécessaire car il est la condition indispensable pour créer une dynamique durable à partir d’un programme partagé, mais toute ambiguïté dans nos rapports avec la partie la plus libérale de la gauche serait fatale à une perspective transformatrice.

Il s’agit donc urgemment de redonner une colonne vertébrale à une visée communiste qui aujourd’hui est une nébuleuse qui ne permet pas de rallumer les étoiles et de redonner espoir tant en interne qu’en une perspective de victoire transformatrice dans notre pays ?

Si notre utilité n’est pas perçue, nous sommes condamnés à être des supplétifs à gauche et à voir notre influence se réduire encore, y compris en nombre d’élues et élus dans les prochains scrutins.

Quelle est la situation en interne, quel est l’état de notre parti ?
La transparence et la vérité s’imposent.

C’est le dernier point de ma contribution et il est la conséquence de mes réflexions précédentes.
Pour qu’un parti soit une organisation de masse, il doit donner envie, attirer et permettre à chacune, chacun de se trouver à l’aise dans l’organisation même si elle ou il a des désaccord.

Aujourd’hui ce que je ressens, c’est que les désaccords exprimés sur des points fondamentaux sont considérés d’abord et avant tout comme une remise en cause du Secrétaire national.
Et cela est exacerbé au point de ne plus pouvoir avoir un débat de fond, arguments contre arguments ce qui était pourtant la force de notre parti.
Cela amène ni plus ni moins qu’à affadir notre réflexion et à réduire notre capacité intellectuelle commune.

Je m’étonne d’ailleurs qu’au delà de la simple analyse de notre perte d’adhérents comme liée au vieillissement et aux décès d’environ 2000 camarades par an, aucune analyse soit avancée sur le faible nombre d’adhésions qui montrent notre difficulté à élargir notre base militante.

Nous serions 65 752 membres selon la note du CEN dont 37 253 cotisant·es, selon le tableau de répartition des délégué·es pour la conférence nationale de décembre. qui est basé sur les effectifs fin décembre 2023.
A la lecture de ces chiffres et à quelques semaines de la fin de l’année, quelle est la réalité aujourd’hui de nos forces adhérentes et militantes ? Combien de militantes et militants se sont mis en retrait ou on été mis en retrait de la vie du Parti depuis les deux derniers congrès ?

Et pourtant, en changeant de paradigme en remettant sur le métier, les certitudes du dernier congrès mises à mal par la réalité des faits, nous pouvons rebondir.

J’en veux pour preuve la dynamique de rassemblement du NFP lors des législatives qui a remis en action de nombreux communistes parce qu’un espoir se levait de nouveau.
Il y a même eu plus de 1000 adhésions par internet pendant les législatives.

C’est pourquoi, je reste persuadé que notre avenir est étroitement lié à notre capacité à être acteur d’un rassemblement progressiste pour les échéances à venir qui donnerait force au mouvement et à la mobilisation sociale nécessaires.

Tout nouveau repli identitaire, tout esprit présidentialiste, nous rendraient, nous aussi, responsable de laisser le pire arriver.
Tout glissement vers des positions qui nous éloignent de nos valeurs serait mortifère.

C’est pourquoi, je pense nécessaire un changement de cap au plus vite et validé par un congrès extraordinaire.

C’est à sa capacité de remise en cause que l’on juge de la force d’un grand parti politique mais à l’inverse c’est à la poursuite d’un entêtement contredit par les faits, qu’un parti se recroqueville au risque de disparaître.

A la condition qu’il se remette en cause et soit une force ouverte, démocratique répondant aux enjeux d’avenir de la planète et de ses habitantes et habitants, Je fais le pari, que le Parti Communiste Français, mon parti sera une grande force politique qui comptera dans l’avenir de notre pays.

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